The Chesapeake Jukebox band - 1972
Il existe une catégorie de mélomanes tristes qui ont épuisé jusqu’à la moelle leurs premiers
amours de disques. Qui parfois, bien qu’ils le connaissent par cœur, se repassent "Pet sounds" avec appréhension en guettant du coin de l’oeil les embruns des grands voyages de leur jeunesse. Avant d’admettre comme d’habitude que les pirogues n’ont plus la même allure. Ceux-là peuvent aujourd’hui chercher un peu d’exotisme vierge du côté du Chesapeake Jukebox Band, dont l’unique album est réédité par Cherry Red (agrémenté de trois bonus pas inintéressants malgré un son venu des tréfonds).
Un peu à la bourre sur la vague psyché-pop en 1972, le Chesapeake (fondé par les new-yorkais Steve Sawyer et Rusty McFin) navigue dans le sillage de Brian Wilson et John Lennon et s’autorise toutes les embardées possibles. Les instruments les plus farfelus sont conviés au service de composition
s fourre-tout habilement produites par Ron Frangipane, un spécialiste des galettes bien arrangées (son palmarès va de Lennon himself à Dionne Warwick en passant par Kiss).
Le résultat est riche, jamais prévisible et ne manque pas non plus d’humour : sur "Until we meet again", un passage country débarque en pleines harmonies à la Beach Boys, ça a quelque chose du Bonzo Dog Doo Dah Band, rien moins. "Love" est la plus réussie du lot, ballottée d’harmonica, de cordes ou de samba au gré des flots. L’inévitable côté "exercice de style" entraîne quelques divagations, mais sera facilement pardonné pour peu que l’on accepte de voir surgir de nulle part un vol de flamants sous acide ("The door's unlatched"), un air yiddish inattendu, ou quelques voix pré-Rubettes coincées dans la braguette… Sans crier au génie, on tient là quelques encablures de folie douce propice à réveiller les meilleurs souvenirs. "Quant à descendre le Yang Tsé Kiang en une nuit c'est hors de question...", comme disait le Gabin sevré du "Singe en hiver". "Un petit bout par-ci, un petit bout par-là... Et encore, pas tous les soirs..."
Morceaux qui tuent :
Until we meet again
Love ..... en écoute dans la Radio du Chtif !
Via Sefronia (c)

Un peu à la bourre sur la vague psyché-pop en 1972, le Chesapeake (fondé par les new-yorkais Steve Sawyer et Rusty McFin) navigue dans le sillage de Brian Wilson et John Lennon et s’autorise toutes les embardées possibles. Les instruments les plus farfelus sont conviés au service de composition

Ron frangipane : aujourd'hui prof de musique et de théatre à l'université de Monmouth
Le résultat est riche, jamais prévisible et ne manque pas non plus d’humour : sur "Until we meet again", un passage country débarque en pleines harmonies à la Beach Boys, ça a quelque chose du Bonzo Dog Doo Dah Band, rien moins. "Love" est la plus réussie du lot, ballottée d’harmonica, de cordes ou de samba au gré des flots. L’inévitable côté "exercice de style" entraîne quelques divagations, mais sera facilement pardonné pour peu que l’on accepte de voir surgir de nulle part un vol de flamants sous acide ("The door's unlatched"), un air yiddish inattendu, ou quelques voix pré-Rubettes coincées dans la braguette… Sans crier au génie, on tient là quelques encablures de folie douce propice à réveiller les meilleurs souvenirs. "Quant à descendre le Yang Tsé Kiang en une nuit c'est hors de question...", comme disait le Gabin sevré du "Singe en hiver". "Un petit bout par-ci, un petit bout par-là... Et encore, pas tous les soirs..."
Morceaux qui tuent :
Until we meet again
Love ..... en écoute dans la Radio du Chtif !
Via Sefronia (c)