L'aigri du mois de Février

Publié le par Chtif

Ola tout le monde, les jours passent, l'humeur reste mais on s'habitue ! Ce mois-ci, deux sorties incontournables.
 
D'abord les Naast, bien sûr, ils s'en sont pris plein la gueule pendant des mois sans rien demander à personne, il est de bonne guerre de ne pas faire l'impasse sur leur premier disque. Voilà, "Antichambre" (bizarre ce titre...) est dans les bacs après deux ans de promo gratuite chez "qui-vous-savez", et on se dit qu'on va enfin pouvoir passer à autre chose. Non, non, vraiment, je dis pas ça pour être salaud, on a vraiment l'impression que le débat vient de se clore avec l'arrivée de fondements solides pour juger le groupe. C'est quand même bête pour un groupe qui débute. Désormais, finies les digressions sur les fringues, les belles gueules, finies les attaques virulentes de ceux qui n'ont jamais vu le groupe, etc... plus possible de tricher, le disque est là, et... et ben on se dit "à quoi bon ?" tout simplement. L'album n'est pas très mauvais, loin de là, il passe même comme une lettre à la poste, tellement bien d'ailleurs qu'on s'en balance complètement. Ca me fait penser aux Dirty Pretty Things : premier disque excellent à l'écoute, mais impossible de siffloter la moindre compo, même après 35 écoutes.

Ceci dit, les Naast ne sont pas encore au niveau des Dirty : on pourrait critiquer pas mal de choses, ne serait-ce qu'au niveau du chant, mais faut bien reconnaître que peu de jeunôts à peine mineurs arrivent à faire quelque chose de potable. Mais pourquoi eux ? Si R&F voulait trouver le bon filon, il y avait quand même plus solide, non ? Avec une simple chronique à la sortie, tout le monde aurait trouvé ça sympathique, avec l'abattage qu'on a subi, personne ne peut plus les blairer. Le numéro de ce mois-ci (dont l'édito s'intitule curieusement "Spécial copinage", ou un truc du genre) touche au paroxysme d'ailleurs : Naast en couverture, album quatre étoiles (pas passé loin du "disque du mois", ça se sent...), interview de 12 pages durant laquelle Ungemuth part au charbon et tente scolairement de démonter toutes les critiques envers le groupe, une par une... Bientôt on va les retrouver dans "Mes disques à moi" et les petites annonces. Casse-couille. Bon, vous ne devriez pas voir le sujet ressurgir de sitôt sur le site, ça commence à tourner sacrément en rond, désolé. Pour une chronique plus constructive, allez donc voir sur Planet Gong.


Sinon, côté français, y'a le dernier Gomm qui est arrivé aussi, mais on tâchera d'en parler un peu mieux prochainement.




La deuxième sortie, c'est Arcade Fire, bien sûr. En fait, "Neon Bible" ne sort qu'en mars, mais apparemment tout le monde l'a déjà écouté et chacun y va de sa petite chronique. Je ne peux pas vraiment vous résumer ce que je pense du disque lui-même, par contre je peux vous dire ce que je pense de la quatrième chanson, vu que je bloque dessus depuis à peu près 48h.  "Intervention", qu'on pourrait qualifier de "divine" même s'il n'a aucun lien avec Slayer, a pourtant tout pour guilicher la mauvaise foi de l'auditeur tatillon : le morceau dégouline d'orgue et d'emphase christique, ça monte en crescendo, on a l'impression que le plafond de l'église va vous tomber sur la gueule et que le choeur va s'arracher les yeux à force de sécher ses larmes, et pourtant, pourtant, il chope les tripes comme rarement. Il y a même un xylo, l'instrument dont on doit se méfier par excellence... A ce propos, vous connaissez certainement  les Concerts à Emporter : la Blogothèque fait du bon boulôt, c'est sûr, mais ça loupe jamais, à chaque fois qu'il y a un xylo dans le tas, vous pouvez être sûr que le morceau va être à chier. Ceci dit, il y en avait aussi sur "Funeral", et j'avais pas bronché, donc passons.

 Bref, j'ai essayé de me dégoûter de la chanson à force de l'écouter,  j'ai essayé de me convaincre que "Intervention" était facile et surjouée (il y a une catégorie de fans un peu cons qui pensent que le succès entrave l'innocence de l'écriture, donc que les "deuxièmes albums" sont fatalement moins bons que les premiers, j'en suis). Rien à faire : calez-vous ça dans les oreilles avant d'aller taper le trottoir, et les nappes de synthé gonfleront une bulle impénétrable et moelleuse autour de vous qui tiendra l'humanité à distance respectable, et vous laissera tout le temps de chercher une quelconque vérité. Au milieu du fracas, Win Butler se débat et semble par moment sur le point de se sauver lui-même, d'en finir enfin avec la série macabre de "Funeral"...


La rubrique nécrologique n'est pas finie, malheureusement : il y a quelques jours, une nouvelle petite rubrique apparaissait sur le Chtif, "Brèves de comptoir". Pour l'inauguration, il y avait du beau monde primé à Angoulême, et notamment "Le photographe", excellente bande dessinée un poil rebutante par son graphisme au premier abord, mais qui s'avèra totalement indispensable après lecture.
 
Le photographe : "Guibert/Lefèvre/Lemercier"


C'est le jour que choisit Didier Lefèvre pour prendre son dernier cliché, juste après sa consécration : baroudeur-reporter, il avait trimballé ses objectis en Afghanistan aux côtés de Médecins sans Frontières et des  résistants moudjahiddins. Le périple donna lieu à une histoire dure et passionnante avec ses plusieurs niveaux de narration, que l'on ne peut bien entendu que conseiller à nouveau.

Rendez-vous au prochain "aigri du mois", sans rubrique nécrologique j'espère.

Publié dans L'aigri du mois

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G
Bon j'arrive encore trois fois trop à la bourre, mais on me pardonnera.Le problème avec Naast pour moi c'est l'emploi du terme "Renouveau" du rock francais. Il y a RIEN de nouveau. Ils ont la dégaine des Strokes (nouveau à l'echelle franco francaise, certes mais bon). Ils ont fait du nom du Groupe leur nom de famille. Du jamais vu.   Mais le pire, c'est que si on fait l'effort d'écouter les paroles...On a pas fait plus vide depuis Adamo qui reprend les Beatles en les traduisant mot à mot avec "Je veux prendre ta main".  Pour moi c'est pour ca que R&F les encense : les patrons (Manoeuvre Eudeline...) vu leur age, ils ont l'impression d'avoir de nouveau 10 ans... Les Naast, ce serait un peu comme les Chaussettes noires qui seraient passées du 110 au 220 V. Et surtout du centime à l'euro.
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T
Pas d'avis ni sur naast, ni sur AF, mais j'ai beaucoup aimé ton article.
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G
Pas d'accord avec Klak, Naast sont de vrais "bad boys". Vous les avez pas vu débarquer dans les cités "chaudes" et terroriser tout ce qui bouge. De vraies légendes du côté  de Sarcelles...
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O
Je laisse toujours passé le buzz pour les albums dont on parle trop avant même qu'ils ne soient sortis. Quand à la news sur Didier Lefevre, et après avoir été ravi qu'ils aient eu un prix à Angoulème (largement mérité) et très triste d'apprendre sa mort !! Les 3 tomes du Photographe sont absolument indispensables que l'on aime ou pas la BD !! Très bon chronique surtout quand tu n'es pas complément aigri !!
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W
Ah la la, ces ptits jeunots arrivistes n'ayant pas besoin de se saigner à blanc sur les cordes acérées de leurs guitares, c'est vraiment trop injuste, hein? Bon, en même temps, c'est vraiment la première fois que j'entends parler des Naast, mais je veux pas en savoir davantage. Avec un nom pareil, chuis sûre qu'ils sont juste bons à mettre le feu aux robes de leur mère leur servant de tenues de cérémonie quand ils vénèrent leur Niidv agent. Sinon, j'ai écouté Intervention de Arcade Fire. Et j'allais dire que ça me décevait, les rythmes et tonalités planplan, rien d'orignal toussatoussa. Heureusement, j'ai voulu vérifier cela une dernière fois avant de graver cette assertion sur ton blog, Grand Chtif, et ô surprise, à partir de la quatrième écoute, je ne peux plus me détacher de ce morceau. A croire que le Niidv doigt d'Arcade Fire m'a frôlée.Et vive les vieux grincheux!! :)
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